Lady Sleep CD

Lady Sleep

CD/DLP, Kitty-Yo 2005


L'amour selon Maximilian Hecker

En 1999, alors qu'il arpentait le bitume berlinois avec sa guitare et son ampli, reprenant les succès d'Oasis, Maximilian Hecker n'avait qu'un souhait: écrire une chanson "belle à en mourir".

Après avoir auparavant joué au sein de plusieurs formations très "underground", offrant ses talents de multi-instrumentiste (batteur, pianiste, guitariste), le jeune allemand s'attelle alors à l'écriture d'un album. Ce nouveau venu de 24 ans est repéré rapidement par le label allemand, Kitty-Yo. Souvenirs heureux, souvenirs mélancoliques.

Un premier album magnifique, à la limite du pleurnichage devant sa chaîne stéréo.

Triste et beau. En 2001, paraît "Infinite Love Songs". Imprégnées des influences majeures de la pop britannique d'aujourd'hui (Radiohead, Travis ...), les 12 ballades tubuesques qui composent l'album témoignent d'un style propre et d'une sensibilité romantique exacerbée. De délicats arpèges de guitare ... quelques accords de piano ... des arrangements trip-hop où viennent s'inscrire en contrepoint des riffs orageux ... l'ensemble compose l'écrin musical où vient se nicher la voix éthérée de Maximilian Hecker, véritable joyau de fragilité. Comme son anglais est aussi bon que le nôtre, on ne comprend pas vraiment ce qu'il dit mais peu importe. Maximilian Hecker parle un langage universel qu'on a déjà entendu ailleurs, chez Thom Yorke et Cat Power: un langage romantique en diable qui lui permet d'offrir avec ce "Lady Sleep" une dizaine de minipépites éblouissantes – comme des tiroirs à trésors où l'on se cache quand on dort. Comparable à personne sur le plan émotionnel, il réussit avec "Infinite love songs", un premier album d'une grande maturité avant de nous offrir un deuxième disque: "Rose". Alors cette seconde parution, c'est avec anxiété qu'on l'attendait. Seulement voilà, notre soif de mélodies gracieuses ne sera qu'en partie étanchée par cet album, qui disperse ses graines de beauté qu'en de trop rares occasions. La voix de Maximilian Hecker reste belle, accompagne avec goûts les plus beaux titres, mais oublie parfois les repères, et les couplets de "I am feeling now" demeurent très laborieux. La suite de l'album se perd un peu dans la facilité, mettant de côté la fragilité, la sensibilité divine qui traversait le premier album, où un refrain travaillé ne justifiait pas une chanson, contrairement aux couplets parfois limites lourdingues du coeur de l'album. Quelques envolées instrumentales réussies rehaussent parfois le niveau, mais il faudra attendre le crépuscule du disque pour voir revenir quelque chose de plus convaincant, où le piano reprend le dessus, car les guitares sur cet album ne sont que peu inspirées. S'imprégnant d'une atmosphère désuete pour une ballade aérienne envahie de crissements bruitistes, le songwriting de Maximilian Hecker reprend de l'ampleur sur le très beau 'Never Ending Days', où déambulent liberment des influences venues de chez Faultline. Décevant au final, Rose accuse de par son manque d'inspiration mélodique sa raréfication de passages de pure beauté, qui ne trouveront leur place qu'en début et fin d'album ('Kate Moss', 'Never Ending-Days', 'Rose'), pour ériger deux magnifiques roses sauvages encardant un champ taillé d'un peu trop près!

Son écriture fluide et les arrangements tendres font de Maximilian Hecker, un auteur plus proche de contrées nordiques de l'Europe.

Quatre ans après son premier opus, Maximilian revient avec "Lady sleep" et retrouver toute son aura. Dès les premières notes de piano, on comprend que l'univers de Maximilian est resté intact pendant ces années. Le jeune homme est toujours aussi attiré par les belles mélodies planantes et les ambiances mélancoliques amoureuses. L'allemand ne joue cependant pas tout le temps la facilité. Ses chansons ne sont pas forcément construites sur le modèle "single radio", et certains titres sont décousus ou plus expérimentaux. Maximilian Hecker, c'est surtout une voix magnifique, une grâce que peu de songwriters peuvent se vanter d'approcher. Et c'est aussi une agilité technique qui lui permet de composer des chansons magnifiques à la pelle. Les arpèges de pianos, de guitares sont toujours aussi bien trouvés, et aucun titre ne fâchera les fans du Berlinois. Max Hecker ne se prend pas au sérieux, et avoue être influencé par l'amour pour la quasi totalité de ses chansons. Qui pourra lui reprocher? Sans s'en cacher le jeune homme sensible ne trouve pas les mots ailleurs. Comment s'en plaindre ... Le seul reproche que l'on pourrait faire à cet album, c'est sa ressemblance avec le précédent: "Rose". Apparemment, le jeune homme a trouvé sa voie (et sa voix) et n'a plus envie de bouger. Mais tant que les chansons seront si belles, on ne pourra que s'incliner. Et puis le prochain et premier single: "Help Me" est tout de même un petit peu innovant par rapport aux sons utilisés ... Alors, ce petit bijou trouvera son succès parmi les plus amoureux (ou les plus désespérés) d'entre vous ...